Contre-culture
Revue de presse LGBT+ : Mois des fiertés sous haute tension, Elections en Pologne, Sarah El Hairy sur l'adoption, Pride et Marketing, Santé Mentale
Et si les périodes de crispation politique étaient, paradoxalement, les incubateurs les plus fertiles de la création artistique ? C’est la thèse stimulante du sociologue Frédéric Martel (le 11 juin en petit déjeuner débat pour Pigments Project), qui voit dans les années Trump non pas une mise à mort de la culture, mais l’aube d’un nouvel âge d’or de la contre-culture. Le président américain, en imposant son sceau ultraconservateur sur le Kennedy Center et en démantelant les politiques de diversité, entend restreindre. Il provoque, en réalité, une réaction créative. Cette dynamique n’est pas nouvelle. L’histoire de l’art est jalonnée de résistances fécondes. La Renaissance surgit des cendres du Moyen Âge, le jazz naît de l’oppression raciale, la Harlem Renaissance de la ségrégation. Dans les années 1960, la guerre du Vietnam, la ségrégation et la société de consommation donnent naissance à une explosion artistique : Bob Dylan, Kerouac, Warhol, le cinéma indépendant… Plus récemment, le mouvement Black Lives Matter a bouleversé les musées, les scènes, la photographie, jusqu’aux collections permanentes. La création ne se contente pas de survivre à la censure : elle se régénère dans la confrontation. Aujourd’hui, malgré la précarité des financements et l’essor des discours anti-"woke", les artistes transforment l’inquiétude en manifeste, la colère en œuvre, la marginalité en centre. La contre-culture n’est pas une échappatoire, c’est une architecture de sens en construction.
Albin Serviant
Rencontre avec Giuliano da Empoli
Lors d'un petit-déjeuner organisé par Les Gracques, auquel des membres du Pigments Project ont été invités, Bernard Spitz a interrogé Giuliano da Empoli à l’occasion de la sortie de son dernier livre, L'heure des prédateurs. Après « Les Ingénieurs du Chaos » et « Le Mage du Kremlin », l'auteur poursuit son analyse des nouvelles formes de pouvoir et d’influence, mettant en lumière l’alliance inquiétante entre leaders politiques populistes et géants technologiques. Da Empoli explique comment des dirigeants tels que Donald Trump ou Mohammed ben Salmane utilisent le chaos et le rejet des normes démocratiques comme stratégie pour asseoir leur autorité. Selon lui, la formule des ingénieurs du chaos demeure identique : « la colère et la frustration, démultipliées par l’algorithme ». Cette collaboration entre les prédateurs politiques et les acteurs majeurs du numérique menace directement les institutions démocratiques et affaiblit la souveraineté publique. Indirectement, cette dynamique risque également de porter atteinte aux droits fondamentaux, en particulier ceux des minorités traditionnellement ciblées par les régimes autoritaires et populistes, dont la communauté LGBTQ+. Da Empoli insiste enfin sur l’importance cruciale de réguler les plateformes technologiques et de renforcer le modèle démocratique européen face à ces nouveaux défis.
Source : Les Gracques , 22 mai 2025
Accélérer, simplifier et diversifier l’adoption
Sarah El Haïry, Haute-Commissaire à l’Enfance (présente lors du lancement du Pigments Project le 20 janvier), propose de moderniser l’adoption en France en réduisant les délais (parfois 7 à 9 ans), en créant un fichier national des familles agréées et en limitant le séjour des enfants en pouponnière à quelques semaines. Elle souhaite également s’inspirer de modèles étrangers, comme l’Espagne ou le Québec, pour permettre un double agrément d’assistant familial et de famille adoptante, et se montre ouverte à toute innovation favorisant l’intérêt de l’enfant, sans distinction liée à la composition des familles. Possible source d’inspiration en Angleterre ? l’adoption par des couples de même sexe y est possible depuis 2002, soit bien avant la légalisation du mariage homosexuel (2014). Les couples homosexuels, qu’ils soient mariés, en partenariat civil ou non, ont accès aux mêmes droits à l’adoption que les couples hétérosexuels. L’Angleterre se distingue par une ouverture juridique et sociale forte : en 2018-2019, plus d’une adoption sur sept concernait un couple de même sexe, et en 2023, 20 % des adoptions étaient réalisées par des couples homosexuels.
Source : Le Parisien, 23 mai 2025
GPA : un colloque sous tension
Le 10 juin 2025, un colloque sur les « nouvelles résistances à la GPA », organisé à l’université Paris-Panthéon-Assas par le CERCRID et le CERSA (CNRS), crée la polémique avant son ouverture. En cause : une affiche illustrée par une peinture de l’Annonciation, associant symboliquement la gestation pour autrui à la naissance de Jésus. Pour certains, c’est un symbole fort ; pour d’autres, une provocation. Le prêtre Pierre Amar dénonce une « erreur blessante », rappelant que Marie a conçu et élevé son enfant sans rapport avec la GPA. Olivia Maurel, née d’une GPA et militante abolitionniste, y voit une « récupération blasphématoire ». Le colloque vise à analyser les contestations juridiques de la GPA, interdite en France mais pratiquée ailleurs. Quatre intervenants y défendront une GPA éthique et encadrée, dont trois juristes (Borrillo, Perroud, Moron-Puech) et l’avocate Caroline Mécary, engagée pour les familles homoparentales.
Source : Le Figaro, 2 juin 2025
Santé mentale des jeunes LGBTQIA+
Une recherche inédite menée par ARESVI révèle des chiffres préoccupants sur la santé mentale des jeunes LGBTQIA+. L'étude montre que 98% des élèves trans et intersexes déclarent une expérience scolaire dégradée, avec des conséquences graves sur leur bien-être psychologique. Les personnes trans sont particulièrement touchées, avec seulement 3% déclarant n'avoir subi aucune violence à l'école. L'enquête souligne également l'importance cruciale du soutien familial : les jeunes issus de familles peu soutenantes présentent deux fois plus de pensées suicidaires et trois fois plus de passages à l'acte que ceux bénéficiant d'un environnement familial favorable.
Source Têtu, 27 mai 2025
La Gen Z défie la norme hétéro
Une étude de l'Inserm révèle une évolution significative des comportements sexuels chez les 18-29 ans en France. Les chiffres montrent une augmentation notable des relations homosexuelles : 14,8% des femmes et 9,3% des hommes de cette tranche d'âge déclarent avoir eu des expériences homosexuelles, contre respectivement 5,7% et 3,8% en 2006. L'identification à la communauté LGBTQIA+ progresse également, avec 2,6% des femmes et 3,2% des hommes se déclarant homosexuels, tandis que la bisexualité et la pansexualité gagnent en visibilité. Cette évolution témoigne d'une plus grande acceptation de la diversité des orientations sexuelles chez les jeunes.
Source Têtu, le 28 mai 2025
Jeux vidéo et radicalisation
Dans « De la manette à la gâchette » sur Arte.tv, le magazine Sources révèle l’infiltration des jeux vidéo par des réseaux extrémistes. Des mods de jeux recréent des tueries de masse (Christchurch, Charlie Hebdo, Utoya, Orlando) et ciblent des communautés vulnérables, notamment LGBTQ+. Ces contenus circulent via TikTok, Roblox ou Telegram, où des mèmes et montages glorifient aussi bien des terroristes islamistes que suprémacistes, unis par la violence et l’exclusion. Les jeunes, souvent mineurs, sont les premiers exposés. En France, plus des deux tiers des personnes impliquées dans des projets d’attentat depuis 2023 ont moins de 21 ans (DGSI). Les plateformes peinent à réagir : Telegram dit avoir supprimé 35 000 groupes, mais admet l’ampleur du problème. Un développeur affirme que « la seule solution, c’est la violence », soulignant la toxicité de ces espaces. Ce documentaire lance un signal d’alarme sur la banalisation de la haine, notamment anti-LGBT+, dans les univers numériques, et appelle à une réaction politique et éducative urgente.
Source : Le Monde, 31 mai 2025
Roland-Garros 2025
Opposée à la guerre en Ukraine et ouvertement lesbienne, Daria Kasatkina, 28 ans, incarne une rupture forte avec la Russie de Vladimir Poutine. Après avoir joué plusieurs années sous bannière neutre, elle représente désormais l’Australie à Roland-Garros 2025, où elle affronte l’ex-Russe Mirra Andreeva pour une place en quarts de finale. Kasatkina a fui un pays où l’homosexualité, bien que dépénalisée, est toujours violemment stigmatisée. Elle avait déclaré en 2022 : « Vivre dans le placard devient trop difficile. » Depuis, elle n’a jamais remis les pieds en Russie. Sa naturalisation australienne, officialisée en mars, est un choix politique autant que personnel : « Pour mon avenir, c’était bien mieux d’être dans un pays comme l’Australie. Installée à Dubaï, elle ne dispose pas encore de son passeport australien mais bénéficie du respect de nombreuses joueuses, dont l’Ukrainienne Marta Kostyuk, qui a salué son courage. À Roland-Garros, elle joue autant pour une victoire que pour sa liberté retrouvée.
Source : Le Monde, 2 juin 2025
Escaliers arc-en-ciel repeints en blanc
À Paris (Xe), le 8 mai 2025, des escaliers aux couleurs LGBT ont été recouverts de peinture blanche. Six jeunes, dont cinq mineurs (13 à 17 ans) et un majeur de 19 ans, ont été identifiés grâce aux vidéosurveillance et témoignages. Convoqués par la police, les mineurs ont reconnu les faits, tout en niant toute intention homophobe. Sanction : un avertissement probatoire et un stage de citoyenneté. L’un des suspects majeurs est toujours introuvable. La maire Alexandra Cordebard (PS) avait dénoncé un « acte homophobe » et exigé une plainte. L’escalier, situé près de la gare de l’Est, a depuis retrouvé ses couleurs arc-en-ciel.
Source : Le Parisien, 27 mai 2025
Angelo Rinaldi, l’amour seul et la critique libre
Dans L’Express, Frédéric Martel livre un récit bouleversant des derniers jours d’Angelo Rinaldi, académicien et critique littéraire mythique, mort le 7 mai à 80 ans. Rinaldi, homosexuel assumé mais pudique, a vécu une seule et grande histoire d’amour avec Hector Bianciotti, écrivain et compagnon d’Académie. Ensemble, ils formèrent le premier couple gay de l’histoire de cette institution. Une exception, dans un monde encore hostile à la visibilité LGBT. L’homosexualité fut le fil rouge de son œuvre critique. Il dénonça la complicité toxique entre Église catholique et homosexualité réprimée, "outa" Mauriac, Aragon, Leiris, ou encore Michel Tournier. Il élabora une thèse provocante : les auteurs perdaient leur force après leur coming out. Le SIDA, qu’il traverse sans traitement, devient une ligne de fracture dans sa pensée et dans la littérature qu’il défend. Sa fin de vie est d’une tristesse accablante : isolé, sans descendance, coupé du monde numérique, il vit entouré de ses chats Lucas et Lilith, aidé par les employés immigrés de son quartier. Rinaldi cristallise la solitude des homosexuels âgés dans une société encore peu préparée à les soutenir. Sa lucidité glaçante sur cette réalité traverse tout le témoignage de Martel, qui écrit à la fois un adieu, un hommage, et un réquisitoire contre l’oubli.
Source : L’Express, 17 mai 2025
🇪🇺 Europe
identity.vc publie la première étude sur les startups LGBTQ+ en Europe
identity.vc, premier fonds européen dédié aux fondateur·rice·s LGBTQ+, publie la première étude paneuropéenne sur les startups LGBTQ+ en Europe. Réalisée auprès de 504 fondateur·rice·s, elle révèle que 17,6 % des startups comptent au moins un·e cofondateur·rice LGBTQ+, proportion qui pourrait atteindre 26,1 % d’ici 2030 avec l’arrivée de la Gen Z. Malgré ce dynamisme, 81,7 % des fondateur·rice·s dissimulent en partie leur identité aux investisseurs, et 35,8 % ne la révèlent jamais — révélant un écosystème encore peu inclusif. Les fondateur·rice·s LGBTQ+ incarnent des qualités entrepreneuriales clés : 84 % se disent résilient·e·s, 80 % sont motivé·e·s par l’impact, et 80 % valorisent l’effort. Pourtant, seul·e·s 14 % mobilisent activement leur communauté LGBTQ+ pour du soutien, bien que 72 % en reconnaissent la valeur. Le rapport appelle les investisseurs à s’ouvrir à ces talents et à intégrer des pratiques inclusives. Il souligne une opportunité d’investissement encore sous-exploitée dans la tech européenne. Til Klein, fondateur d’identity.vc, rappelle que « l’innovation naît lorsqu’on sort des normes », positionnant la communauté LGBTQ+ comme un vecteur naturel de disruption.
Source : Rapport Identity.vc, 2025.
Pologne : un séisme politique à l’échelle européenne
Avec 50,89 % des voix contre 49,11 % pour le centriste Rafał Trzaskowski, Karol Nawrocki remporte l’élection présidentielle polonaise du 1er juin 2025. Candidat populiste soutenu par le parti nationaliste Droit et Justice (PiS) et l’administration Trump, il s’impose de justesse malgré un premier exit poll donnant Trzaskowski en tête (50,3 %). La participation a atteint un niveau élevé : 71,6 %. Cette victoire marque un revers majeur pour le gouvernement de Donald Tusk. Nawrocki, qui promet de « sauver la Pologne » d’un pouvoir « total » de Tusk, dispose du droit de veto sur les lois – une arme redoutable face à une coalition parlementaire incapable de les contourner. Le scrutin cristallise les fractures profondes du pays : grandes villes libérales contre campagne conservatrice, partisans de l’UE contre tenants d’une Pologne souveraine, défenseurs des droits LGBTQ+ contre fidèles à l’Église catholique. Nawrocki, ancien hooligan au passé controversé, promet une Pologne « normale », opposée à l’élargissement des droits sociétaux, au fédéralisme européen et à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.
Source : Politico, Les Echos, Têtu 1er juin 2025
Avec 50,9 % des voix, Karol Nawrocki, candidat populiste soutenu par le PiS et l’administration Trump, a remporté de justesse la présidentielle polonaise face au libéral pro-européen Rafał Trzaskowski. Historien nationaliste et ex-hooligan, Nawrocki promet d’entraver l’action du gouvernement de Donald Tusk, déjà affaibli par l’impossibilité de faire passer ses réformes faute de majorité suffisante pour contourner le veto présidentiel. Ce résultat plonge la Pologne dans une nouvelle crise institutionnelle. Nawrocki, novice en politique, peut bloquer toute tentative de restauration de l’État de droit, de libéralisation de l’avortement ou de transition écologique. Il fragilise aussi l’alliance hétéroclite de Tusk, tiraillée entre progressistes et conservateurs ruraux. À moyen terme, cela pourrait ouvrir la voie à une reprise du pouvoir parlementaire par le PiS, voire une coalition avec Konfederacja, extrême droite libertarienne. Sur le plan européen, la victoire de Nawrocki envoie un signal eurosceptique fort : soutenu par Viktor Orbán, il rejette la vision fédéraliste de l’UE et s’oppose à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Si sa fonction ne lui donne pas la main sur la politique étrangère, son discours peut durablement isoler la Pologne. Enfin, le passé sulfureux de Nawrocki — bagarres de rue, scandales sexuels présumés, soupçons d’escroquerie — inquiète sur la qualité démocratique du pouvoir. Pour ses électeurs, il incarne la revanche contre les élites libérales. Pour ses opposants, il est le symptôme d’un recul autoritaire à l’échelle continentale.
Source : The Economist, 2 juin 2025.
Une tribune dans Libération affirme que l’ère du « centrisme vide » en Pologne touche à sa fin, illustrée par la présidentielle 2025 marquée par une polarisation sans précédent. Le centrisme, longtemps dominant, se caractérisait par une gestion technocratique et un manque de vision claire, incapable de répondre aux attentes profondes de la société. Désormais, la Pologne se divise entre deux camps : l’un pro-européen et libéral, l’autre conservateur et nationaliste. Dans ce contexte, Bart Staszewski, président du conseil d’administration de la Basta Foundation et activiste LGBT+, joue un rôle central dans la défense des droits des minorités. Sa fondation lutte contre les discours de haine homophobes dans les médias et incarne l’exigence d’engagement face à la montée des tensions sociétales. Cette nouvelle phase politique rend obsolète le centrisme de compromis et exige des choix clairs sur les valeurs et l’avenir du pays.
Source : Libération, 2 juin 2025
L’extrême droite instrumentalise les droits LGBTQ+ en Europe
Alors que débute le mois des Fiertés, les organisations LGBTQ+ tirent la sonnette d’alarme : en Europe, l’extrême droite utilise les droits LGBTQ+ comme arme politique, alimentant la haine et les violences. Katrin Hugendubel (ILGA-Europe) dénonce une « instrumentalisation pure » visant à marginaliser, non à répondre à des besoins sociaux réels. Des lois rétrogrades fleurissent : en Hongrie et en Slovaquie, les gouvernements inscrivent la binarité des genres dans la Constitution ; en Italie, Bulgarie ou Roumanie, des projets de loi visent à bannir les thèmes LGBTQ+ des écoles. La Hongrie a même interdit Budapest Pride en mai 2025, une première dans l’UE. Un rapport du Conseil de l’Europe pointe une montée alarmante des discours transphobes. Une enquête de 2024 révèle que 14 % des personnes LGBTQ+ ont été agressées physiquement ou sexuellement sur cinq ans, et un tiers plusieurs fois. Le taux de suicide chez les jeunes trans explose, dans un climat de harcèlement et de rejet. Hugendubel décrit ce recul comme le symptôme d’un autoritarisme plus large, où les minorités deviennent boucs émissaires. L’UE, encore silencieuse face à la loi hongroise, est pressée d’agir. Car, dit-elle, « limiter les Marches des fiertés, c’est limiter la liberté de réunion pour tous ».
Source : The Guardian, 1er juin 2025
Pride interdite : 20 pays somment l’UE de réagir face à la Hongrie
Vingt États membres de l’Union européenne, dont la France, ont signé une déclaration conjointe le 27 mai 2025, dénonçant la nouvelle loi hongroise interdisant les marches des Fiertés LGBT+. Cette législation, votée en mars, s'appuie sur une loi de 2021 prétendant protéger les mineurs de la "propagande LGBT", et autorise la reconnaissance faciale pour traquer les participants. Les signataires appellent la Commission européenne à intervenir fermement si la Hongrie persiste. Déjà sous le coup de sanctions (19 milliards d'euros gelés), Budapest fait face à une procédure d’infraction devant la CJUE, avec une audience prévue le 5 juin. Malgré les interdictions, la Pride de Budapest aura lieu le 28 juin.
Source : Têtu, le 27/05/2025
Hongrie : l’UE doit réagir
Le gouvernement de Viktor Orbán a franchi une ligne rouge : la Hongrie devient le premier pays de l’UE à pouvoir interdire légalement une Marche des fiertés. Une réforme constitutionnelle récente permet désormais de qualifier les événements LGBTQ+ de « menace pour les enfants », criminalisant ainsi potentiellement la Budapest Pride prévue le 28 juin 2025. Les participants risquent amendes et harcèlement. Cette loi viole directement les libertés fondamentales d’expression et de réunion garanties par l’article 2 du traité sur l’Union européenne. Une délégation d’eurodéputés a d’ailleurs constaté une « atmosphère très hostile » et une montée des violences anti-LGBTQ+ en Hongrie. Face à cette provocation délibérée, soutenue par la rhétorique populiste d’Orbán en perte de vitesse électorale, 20 États membres, dont la France et l’Allemagne, exigent des sanctions si la loi n’est pas abrogée. Toutefois, les règles d’unanimité limitent les actions possibles, comme la suspension du droit de vote de la Hongrie au Conseil européen – probablement bloquée par la Slovaquie. L’UE doit au moins conditionner l’accès de la Hongrie à ses fonds (déjà privés de 18 milliards d’euros) au respect de ses valeurs fondamentales.
Source : The Guardian, 28 mai 2025
Hongrie : Manifestation contre une loi restreignant les médias et ONG LGBTQ+
Des milliers de Hongrois ont manifesté silencieusement à Budapest contre un projet de loi permettant au gouvernement Orbán de sanctionner les médias et ONG "financés depuis l'étranger". Cette législation, comparée à la loi russe sur les "agents de l'étranger", vise particulièrement les organisations LGBTQ+. Les manifestants portant des bâillons se sont rassemblés sur le pont de la Liberté, alors que plus de 80 médias de 22 pays ont exhorté l'Union européenne à empêcher cette réforme liberticide.
Source L'Express, 1er Juin 2025
Royaume-Uni : West Ham sanctionné pour chants homophobes
Le club de football de West Ham United a été condamné à une amende de 120 000 livres sterling pour des chants homophobes de ses supporters lors d'un match contre Chelsea en février. Ces chants, faisant référence à l'histoire du quartier de Chelsea comme lieu LGBTQ+ dans les années 60-70, ont été reconnus comme crime de haine par le Crown Prosecution Service. Le club a condamné ces comportements et s'est engagé à renforcer ses initiatives contre la discrimination.
Source Pink News
Royaume-Uni : Tom Daley soutient les athlètes LGBTQ+ dans leur coming out
L'ancien plongeur olympique Tom Daley a révélé qu'il est régulièrement contacté par des athlètes LGBTQ+ encore dans le placard, particulièrement issus de pays où l'homosexualité est illégale. À 31 ans, le champion devenu porte-parole de la cause LGBTQ+ offre son soutien à ces sportifs, rappelant sa propre expérience de coming out à 19 ans. Il souligne l'importance d'avoir au moins une personne de confiance avec qui partager ce secret, tout en reconnaissant que le coming out dans certains pays peut être dangereux.
Source Pink News , 2 juin 2025
Aide à mourir : foi, partis et identités pèsent lourd au Parlement britannique
Le 29 novembre 2024, les députés britanniques ont voté à 330 contre 275 pour légaliser l’aide à mourir. Derrière ce vote historique, l’appartenance religieuse a été plus déterminante que les lignes partisanes : 76 % des députés sans religion ont soutenu le texte, contre 38 % des chrétiens et 8 % des musulmans. Les catholiques (74 % contre) et les minorités ethniques (63 % contre) se sont majoritairement opposés. Les députés LGBT, eux, ont largement soutenu la réforme (69 % pour), tout comme les libéraux-démocrates (85 %) et les travaillistes (57 %). Les conservateurs, eux, ont voté à 77 % contre. Une analyse statistique révèle que les croyances religieuses locales n’ont pas pesé, mais que la proportion de personnes handicapées dans une circonscription a renforcé le soutien à la loi.
Source : The Conversation, 26 mai 2025
After the Act
"After the Act", présenté au Royal Court Theatre de Londres jusqu'au 14 juin 2025, revient avec fracas sur la Section 28, loi britannique de 1988 interdisant aux autorités locales de "promouvoir l'homosexualité". Cette législation, abrogée seulement en 2003, a plongé enseignants et élèves LGBTQ+ dans le silence et la peur pendant 15 ans. Écrit et mis en scène par Billy Barrett et Ellice Stevens, le spectacle mêle archives, interviews et performances musicales inspirées des années 1980 pour retracer l'ascension de cette loi homophobe, attisée par des médias virulents et des discours politiques haineux. Des scènes marquantes incluent des titres de presse transformés en slogans satiriques et la reconstitution spectaculaire d'une action d'activistes lesbiennes au Parlement. Si l'énergie débordante du show peut parfois diluer certains messages, les témoignages poignants de victimes — tentatives de "guérison" religieuse, peur paralysante chez les enseignants, suicide d'un adolescent harcelé — rappellent avec force le coût humain des guerres culturelles.
Source : Financial Times, 27 mai 2025.
🇺🇸 États-Unis
Pourquoi Juin Est le Mois des Fiertés
Juin est dédié à la fierté LGBTQ+ en mémoire des émeutes de Stonewall, survenues le 28 juin 1969 à New York après un raid policier. Ces événements ont marqué un tournant majeur dans la lutte pour les droits LGBTQ+. Bien avant Stonewall, des révoltes ont eu lieu à Los Angeles (1959), San Francisco (1966) et Philadelphie (1965-69). La première marche des fiertés a eu lieu en 1970, suivie par d’autres à travers le monde. En 1999, Bill Clinton a proclamé juin comme Mois des Fiertés, une tradition suivie uniquement par les présidents démocrates. En 2025, malgré un climat politique hostile sous Trump, les célébrations et manifestations persistent, marquant la résilience et la diversité de la communauté.
Source : The Advocate, 1er Juin 2025
Trump II : la culture sous pression, la contre-culture en ébullition
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, le monde culturel américain est secoué : le 7 février 2025, il s’autoproclame président du Kennedy Center, provoquant des démissions symboliques. Pour le sociologue Frédéric Martel, cette reprise en main est inquiétante par son audace, mais limitée dans ses effets, car les structures culturelles publiques américaines sont peu nombreuses et très décentralisées. Trump agit surtout par symboles et décrets idéologiques, comme la suppression du programme DEI ou la réorientation de subventions vers des projets nationalistes. Mais Martel y voit un revers fécond : selon lui, ces années Trump vont inaugurer un nouvel âge d’or de la contre-culture. L’histoire américaine montre que la création artistique prospère dans l’adversité — comme la Harlem Renaissance après 1929 ou la vague contestataire des années 1960. L’art devient outil de résistance, en particulier dans les grandes villes progressistes, même au sein d’États républicains. Pour Martel, s’opposer à Trump confère désormais une légitimité et une visibilité mondiale accrue aux artistes. En somme, si les restrictions s’intensifient, elles ravivent aussi les forces de contestation artistique. La culture s’arme, résiste, et pourrait bien se réinventer dans ce nouveau climat politique.
Source : L’Écho, Mars 2025
Le cabinet anti-LGBTQ+ de Donald Trump
L’administration Trump II installe un cabinet aux politiques massivement hostiles aux droits LGBTQ+. Marco Rubio (Affaires étrangères) efface les identités queer des rapports officiels. Pete Hegseth (Défense) interdit les militaires trans. Pam Bondi (Justice) soutient lois discriminatoires et banalise l’homophobie. RFK Jr. (Santé) supprime les protections trans et LGBTQ+ dans les soins. Scott Turner (Logement) nie l'accès aux refuges pour les personnes trans. Linda McMahon (Éducation) attaque les politiques inclusives. Plusieurs ministres (Bessent, Lutnick, Wright) restent silencieux, voire complices. Même les rares nommés LGBTQ+ comme Bessent n’agissent pas. Résultat : les droits LGBTQ+ sont démantelés à tous les niveaux fédéraux.
Source : The Advocate, 26 mai 2025
Le culte du businessman : une fascination à revoir
Dans sa newsletter du 24 mai 2025 (source : Our Strange Fascination with the Businessman), Fabrice Houdart dénonce l’omniprésence du businessman dans les sphères de pouvoir. De Trump à Musk, la logique du profit supplante celle du bien commun. En cinquante ans, l’homme d’affaires est devenu l’archétype du leader, reléguant philosophes, enseignants et militants à la marge. La logique néolibérale valorise l’efficacité, au détriment de la justice sociale ou de l’écoute. L’auteur pointe la colonisation du social par l’entreprise, jusqu’à l’activisme LGBTQ+. Houdart appelle à réhabiliter les figures guidées par le sens et la pluralité. Face à la dérive actionnariale, il plaide pour une société où d’autres voix – éducatives, éthiques, collectives – retrouvent leur place.
Source : Fabrice Houdart , 24 mai 2025
Les Démocrates en quête de mots justes
Face aux défaites électorales récentes, les Démocrates américains débattent de leur langage politique. Des figures comme le sénateur Ruben Gallego et le gouverneur Andy Beshear critiquent l’usage de termes académiques tels que “équité” ou “populations impliquées dans la justice”, estimant qu’ils éloignent les électeurs ruraux et ouvriers blancs. Ils prônent un discours plus simple et accessible. À l’inverse, des progressistes défendent un langage inclusif, essentiel selon eux pour reconnaître la diversité et lutter contre les discriminations. Ce débat reflète une tension plus large sur l’identité du parti et sa stratégie face à un électorat populaire attiré par le discours direct des Républicains. L’enjeu : trouver un équilibre entre clarté et engagement sans renier les valeurs fondamentales.
Source : The Washington Post, 27 mai 2025
Cloche pour l’égalité
À l’approche du Mois des Fiertés, quinze Bourses mondiales ont participé entre le 13 et le 23 mai 2025 à une initiative inédite : « Ringing the Bell for LGBTIQ+ Equality ». Organisés par la Sustainable Stock Exchanges Initiative avec des agences de l’ONU, Koppa et des entreprises partenaires, ces événements ont eu lieu à Toronto, Londres, au Mexique, en Australie et sur neuf places d’Euronext. D’autres suivront en juin, notamment au Brésil. Ces cérémonies vont bien au-delà du symbole : elles rappellent que 66 pays criminalisent encore les relations homosexuelles, et que plus de la moitié des économies mondiales n’offrent aucune protection au travail pour les personnes LGBTIQ+. Les discriminations freinent l’accès à l’emploi, aux capitaux et aux postes de direction — seuls 1 % des sièges en conseil d’administration sont occupés par des personnes LGBTIQ+ déclarées. Fabrice Houdart (Koppa) insiste : « Véritable leadership, c’est être visible et constant. » Plus de 400 entreprises ont signé les normes de conduite de l’ONU sur l’inclusion, mais les organisateurs appellent à passer des promesses aux actes. Un signal fort et mondial pour que visibilité rime enfin avec transformation structurelle.
Source : GlobeNewswire, 29 mai 2025.
Pride et marketing
En 2025, des géants comme PepsiCo, Nissan, Anheuser-Busch ou Google se retirent partiellement ou totalement des Marches des fiertés aux États-Unis, causant un déficit de financement massif : 750 000 $ à NYC, 1,3 million $ à San Francisco, ou 200 000 $ à Kansas City. En tout, environ 30 % des sponsors se sont retirés, craignant les pressions politiques croissantes. Pour les organisateurs et activistes LGBTQ+, ce retrait n’est pas seulement économique — c’est une trahison de confiance. Fabrice Houdart (Koppa) déplore une attitude opportuniste : « Ce que les entreprises nous disent, c’est : “Je peux vous soutenir… ou pas.” » Pour Ben Finzel (RenewPR), ce repli entame la crédibilité des marques. Montrer son engagement uniquement quand c’est facile « donne une image de calcul opportuniste et affaiblit la loyauté des consommateurs ». Certaines entreprises reviennent en coulisses, finançant sans apparaître publiquement. Mais selon Suzanne Ford (San Francisco Pride), cette prudence témoigne du climat de peur. Pour les activistes, la communauté LGBTQ+ exige plus qu’un logo arc-en-ciel en juin : un engagement constant, visible et sincère. Le contraste est fort avec l’international : dans d’autres régions du monde, la mobilisation des entreprises progresse. Reste que, pour le marché américain, 2025 marque un tournant : la fin d’une confiance automatique envers les marques, et l’émergence d’un nouveau mot d’ordre : « Montrez-nous votre pouvoir, pas juste votre bonne volonté.
Source : PRovoke Media, 2 juin 2025, Diana Marszalek.
Trump cible Harvard : what’s next ?
Donald Trump intensifie son offensive contre Harvard, menaçant de retirer 3 milliards de dollars de financements, d’interdire l’admission d’étudiants étrangers et de couper des contrats publics. Pour de nombreux observateurs, cette attaque va bien au-delà des accusations d’antisémitisme brandies par son administration : elle sert de test pour soumettre les institutions critiques — et demain, potentiellement, les ONG LGBTQ+. John Gallagher alerte : si le gouvernement peut punir Harvard sans procédure légale, il pourra aisément cibler une association queer ou une université locale. Des signes existent déjà : certains républicains veulent remettre en cause le statut fiscal des ONG qui soutiennent des causes qu’ils jugent radicales, notamment les droits des personnes trans. Trump a même évoqué la suppression du statut d’exonération fiscale de Harvard — sans fondement légal. Le danger est d’autant plus grand que des mesures comme Project 2025 prévoient de criminaliser la transidentité ou de considérer tout discours LGBTQ+ comme « pornographique ». Les attaques pourraient également passer par des enquêtes abusives, des restrictions sous couvert de liberté religieuse, ou encore des pressions judiciaires massives. Pour Greg Lukianoff (FIRE), la leçon est claire : si le pouvoir peut faire plier Harvard, il peut tout écraser sur son passage, y compris les plus vulnérables. La communauté LGBTQ+ est avertie : la résistance ne suffira pas, il faudra aussi de la puissance.
Source : LGBTQ Nation, 2 juin 2025
WorldPride 2025 : entre célébration et résistance
Dirigé par Ryan Bos de la Capital Pride Alliance, ce rassemblement coïncide avec une montée des politiques anti-LGBTQ+ aux États-Unis, notamment des lois restreignant les droits des personnes transgenres et des coupes dans les programmes de prévention du VIH. Dans ce climat, plusieurs sponsors corporatifs se sont désengagés ou ont réduit leur soutien, obligeant les organisateurs à revoir leur modèle de financement en s’appuyant davantage sur les dons individuels et des partenariats alternatifs.Malgré les obstacles, le WorldPride 2025 maintient une programmation ambitieuse du 22 mai au 8 juin : concerts de Shakira et Jennifer Lopez, événements culturels, conférences et la traditionnelle marche des fiertés. L’événement devient un acte de visibilité et de résistance face à l’hostilité politique ambiante.
Source : The Washington Post, 26 mai 2025
Une célébration en demi-teinte
Malgré les prévisions optimistes de trois millions de visiteurs, les réservations hôtelières pour le WorldPride de Washington D.C. (30 mai au 9 juin 2025) restent décevantes. Plusieurs militant·e·s LGBTQ+ ont annulé leur venue en raison des politiques anti-LGBTQ du président Trump, notamment envers les personnes trans. Les données indiquent une baisse de 3 % des réservations par rapport à 2024. Mais pour Ryan Bos (Capital Pride), la mobilisation est bien là, portée par 300 événements et des figures comme Laverne Cox ou Reneé Rapp. Pour lui, "la célébration est une forme de protestation" face à l’adversité politique.
Source : Washington Blade, 28/05/2025
Les entreprises désertent massivement les Pride
Quatorze grandes entreprises, dont Anheuser-Busch, Target et Walmart, ont cessé ou réduit leur soutien aux événements Pride cette année. Cette vague de désengagement fait suite à l'abandon des initiatives de diversité, d'équité et d'inclusion (DEI) par ces sociétés. À Minneapolis, Twin Cities Pride a refusé le parrainage de Target après que l'entreprise a abandonné ses programmes DEI, réussissant à lever le double du montant promis par Target en moins de 24 heures grâce à des dons de la communauté.
Source The Advocate
Les personnes trans en première ligne
Le dernier rapport de GLAAD, publié le 2 juin 2025, recense 932 incidents anti-LGBTQ+ aux États-Unis entre mai 2024 et mai 2025. Plus de la moitié visaient des personnes trans ou non conformes au genre, une hausse marquée par rapport à l’an passé. Si les attaques contre les drag queens et les symboles de la fierté ont chuté (83 contre 185), les menaces envers élus locaux, enseignants et bibliothécaires ont explosé. Ces chiffres traduisent un déplacement stratégique de la haine : « Les extrémistes s’adaptent à l’actualité », explique Sarah Moore, analyste chez GLAAD. Le rapport, fondé sur plus de 900 cas validés, reflète une partie seulement de la réalité, selon l’organisation. La communauté trans, particulièrement ciblée, paie le prix de son exposition croissante. Attaques verbales, menaces, violences et lois restrictives s’accumulent, notamment à l’approche du mois des Fiertés. GLAAD souligne l’importance de la résilience collective : « La fierté est aussi un acte de résistance face à des siècles de persécution », rappelle Moore.
Source : NBC News, 2 juin 2025
Des familles quittent les États-Unis
De plus en plus de familles avec des enfants transgenres choisissent de quitter les États-Unis en raison des politiques hostiles de l'administration Trump. Une famille du Colorado a décidé de déménager en Nouvelle-Zélande après que les soins de santé de leur fille trans de 9 ans ont été interrompus. D'autres familles envisagent l'Australie ou le Canada, craignant que la Cour suprême ne valide prochainement l'interdiction des soins d'affirmation de genre pour les mineurs.
Source NBC News
Ariana Grande et Pedro Pascal mobilisés
De nombreuses célébrités, dont Ariana Grande, Pedro Pascal et Jamie Lee Curtis, ont signé une lettre ouverte pour protéger le financement fédéral des services de prévention du suicide LGBTQ+. Cette mobilisation fait suite à des informations concernant une proposition visant à éliminer le financement de la ligne d'urgence 988 spécialisée pour les jeunes LGBTQ+. Depuis sa mise en place en 2022, cette ligne a aidé plus de 14 millions de personnes. Les 100 signataires soulignent que les personnes LGBTQ+ ont quatre fois plus de risques de se suicider que leurs pairs. Cf. interview de Jaymes Black, CEO Ligne 988 pour Pigments Project.
Source The Guardian, Variety 2 Juin 2025
🌍 Monde
Ouganda : HRW dénonce une loi anti-LGBT
Deux ans après l’adoption en 2023 de la "loi anti-homosexualité" en Ouganda, Human Rights Watch (HRW) publie un rapport accablant le 26 mai 2025. Il décrit une explosion des violences, menaces et extorsions contre la communauté LGBT, institutionnalisées par cette loi parmi les plus répressives au monde. Elle prévoit la peine de mort pour "homosexualité aggravée" et criminalise toute "promotion" de l’homosexualité. HRW et DefendDefenders relèvent des cas de viols "correctifs", de chantages par la police et d’expulsions. L’impunité est totale, les autorités refusant tout dialogue. Le rapport dresse un tableau glaçant d’un pays où l’homophobie est désormais légale et encouragée.
Source : Têtu, 26/05/2025
En Malaisie, un forum LGBTQ+
Un forum LGBTQ prévu en Malaisie a été annulé après des menaces de mort et une violente campagne en ligne, attisée par les propos du ministre des Affaires religieuses Mohd Na’im Mokhtar qualifiant l’événement de "culture déviante". Organisé par Pemuda Sosialis, aile jeunesse d’un petit parti d’opposition, l’atelier "Pride Care" devait sensibiliser aux réalités LGBTQ et à la santé sexuelle. Face à la montée du conservatisme islamique, renforcé par l’influence croissante du Parti Islam SeMalaysia au Parlement, le gouvernement d’Anwar Ibrahim durcit sa ligne. Homosexualité illégale, concerts annulés, objets saisis : les libertés LGBTQ sont en recul alarmant. Le forum est "reporté indéfiniment" pour protéger les participants.
Source : The New York Times, 31 mai 2025
Brésil : Lizzo fait un plaidoyer puissant pour les droits trans lors de son show
En tant que tête d'affiche du festival OUTLOUD au WeHo Pride, Lizzo a profité de sa performance pour délivrer un message fort en faveur des personnes trans. "Ce moment est dédié aux femmes trans noires qui, sans leur combat, nous ne pourrions pas célébrer aujourd'hui", a déclaré la chanteuse. Dans le contexte des attaques de l'administration actuelle contre les droits des personnes trans, elle a souligné que "nous ne serons pas libres tant que nous ne serons pas tous libres".
Source The Pink News
Australie : Une mannequin trans réalise ses débuts internationaux
Riley Minford, 28 ans, est devenue la première mannequin trans australienne à défiler lors de la Miami Swim Week. Malgré sa nervosité initiale, elle a brillamment réussi son défilé pour Oh Polly. Elle évoque son parcours parfois difficile, notamment pendant sa scolarité, mais se réjouit que tout se soit mis en place après sa transition. Son succès s'inscrit dans une évolution plus large du monde de la mode, marquée notamment par la victoire historique d'Alex Consani aux Fashion Awards 2024.
Source The Pink News
Kenya : Une développeuse arrêtée
L'arrestation de Rose Njeri, développeuse kényane qui avait créé un site web permettant de s'opposer au projet de loi de finances du gouvernement, suscite l'indignation. Le site permettait aux citoyens d'envoyer des mails au parlement pour demander le retrait du texte. La police a perquisitionné son domicile et saisi son matériel informatique. Des militants se sont rassemblés devant le poste de police pour exiger sa libération.
Source BBC News
Hongkong reste sous verrou autoritaire
Après plus de quatre ans de détention, Jimmy Sham, figure du mouvement prodémocratie hongkongais et militant LGBT+, a été libéré le 30 mai 2025. Il avait été emprisonné en vertu de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin à la suite des grandes manifestations de 2019. Accusé, avec 44 autres opposants, d’avoir organisé une primaire officieuse en vue des élections législatives locales, il avait été condamné pour « complot contre le pouvoir de l’État ». Ancien responsable du Front des droits civils humains (CHRF), dissous en 2021, Jimmy Sham représente une double voix contestataire : pour la démocratie et pour les droits des personnes LGBTQ+. En prison, il a poursuivi son combat pour la reconnaissance des unions homosexuelles, obtenant une victoire partielle en 2023, lorsque la Cour suprême de Hongkong a validé les unions civiles.
Source : Le Monde, 30 mai 2025